Ce n'est pas le corps qui produit le geste, c'est le geste qui rend le corps possible. Bienvenue au seuil vibratoire.
Le Protokin s’oppose :
à l’idéalité platonicienne et au dualisme cartésien ;
à la logique de la faute technique (Stiegler), qui fonde l’humanité sur un défaut compensé ;
à l’accélérationnisme (Land), qui réduit la technique à une fatalité post-humaine.
Il se rapproche au contraire de :
la philosophie de l’individuation (Simondon),
la durée creéatrice (Bergson),
l’énaction (Varela),
l’anthropologie des ontologies (Descola),
le nouvel esprit scientifique (Bachelard), qui rappelle que la science doit se réinventer dans sa méthode autant que dans ses objets.
1. Le protokinien : champ de virtualités, excès inépuisable.
2. Le protokinésique : geste actualisé, expressif, toujours inachevé.
3. La protokinésie : stabilisation, institution, archive, norme.
Exemple :
Un adolescent invente une danse sur TikTok (protokinésique).
Elle est transformée en « challenge » codifié (protokinésie).
Mais le flux créatif du geste déborde toujours l’archive.
Le symbolisme comme première stratégie temporel
Fragments philosophiques du Protokin (anthologie)
Fiche de terrain protokinienne (méthode)
Glossaire vivant du Protokin
Théorie critique du geste empêché
Prototypages design / pédagogie / assemblées
Les libidos ne viennent pas d’un sujet déjà constitué : elles émergent du corps vivant situé.
Végétal : phototropisme, ouverture/fermeture aux flux.
Animal : faim, jeu, reproduction.
Humain : curiosité, imagination, désir de savoir.
Exemple : boire du café
Plante → libido photosynthétique, fructification.
Insecte → libido nutritive, pollinisation.
Humain → libido sentiendi (goût), sciendi (torréfaction), socialis (partage).
Chaque geste humain est donc traversé par des libidos végétales, animales, techniques. Le monde est un champ inter-libidinal.
Comme l’a montré Philippe Descola, l’opposition nature/culture n’est pas universelle. Certaines sociétés reconnaissent aux plantes et aux animaux une intériorité, une parole, une parenté. Le Protokin prolonge cette voie : penser le geste comme une co-émergence du vivant, sans hiérarchie préétablie.
Les travaux de Frans de Waal sur les bonobos illustrent cette continuité : entraide, empathie, coopération. La morale n’est pas un ajout tardif mais une expression vivante de gestes partagés.
Le Protokin n’est pas une doctrine mais une pratique de pensée. Il se déploie en :
Analyses critiques (faux problèmes, dualismes, faux récits de l’origine) ;
Schémas et glossaire (gestes, libidos, attentions) ;
Pratiques incarnées (expériences, récits, terrains).
L’enjeu est de maintenir le geste vivant au cœur du savoir, contre les illusions de totalité et de clôture.
## Accueil
- Présentation générale du Protokin
- Origine du projet et problématique
- Faux problèmes (Bergson) et dépassement des dualismes
- Définition : champ de différenciation sans stabilisation
- Les trois régimes
- Protokinien (fond virtuel préindividuel)
- Protokinésique (jaillissement gestuel)
- Protokenésie (stabilisation/mémoire vivante)
- Gestes fondamentaux : préhension, appréhension, compréhension
- Affectio et affectus
- Onto-gestique universelle (matière, biologique, psychique, social, technique)
- Geste premier vs geste ritualisé
- Immanence du geste : « ce n’est pas le corps qui produit le geste, mais le geste qui rend possible le corps »
- Variations thimiques et humeur comme geste énergétique
- Intersubjectivité primaire (Trevarthen, Stern)
- Esthétique et danse : style vs figement
- Protokenésie comme mémoire vivante (habitude, culture, technique)
- Transmission : rituels, langage, écriture
- Techniques du corps (Mauss, Leroi-Gourhan)
- Temporalité
- Durée (Bergson)
- Kairos / Chronos
- Mémoire du geste
## Glossaire
- Libidos protokiniennes
- Vivendi
- Sentiendi
- Imaginandi
- Sciendi
- Rationi
- Machinandi
- Fugitiva
- Attentions protokiniennes
- Flottante
- Résonante
- Silencieuse
- Focalisée
- Distributive
- Concepts associés : préindividuel, transduction, syntonie, archive vivante
## Schémas
- Diagramme des trois régimes
- Schémas libidos et attentions
- Diagrammes temporels (durée, kairos, spirale affectio/affectus)
## Pratique
- Applications à la perception, à l’humeur, aux interactions sociales
- Exercices d’attention (flottante, résonante, etc.)
- Gestes quotidiens comme terrains protokiniens (cuisine, parole, danse)
- Observations de gestes situés
- Variations thimiques et écologie du désir
- Exemples : empathie animale, jeux du nourrisson, pratiques rituelles
## Prototypages
- Modélisations techniques et expérimentales
- Théorie de la free energy (Friston, Prigogine)
- Cybernétique (Wiener)
- Enaction (Varela, Thompson)
- Schématisation des variations affectives comme vortex énergétiques
- Détournements techniques : outil comme prolongation vivante, archive active
## Critique
- Critique de Stiegler (faute, prothèse, supplément technique)
- Critique de l’accélérationnisme (Nick Land)
- Critique des captures institutionnelles et techniques (Palantir, gouvernance algorithmique)
- Risques de typologisation figée (William James et le sophisme intellectualiste)
## Fil vivant
- Intégration poétique et narrative
- Libido comme danse
- Geste comme vibration du monde
- Temporalité spiralée (affectio/affectus)
## Ressources
- Références principales : Bergson, Simondon, James, Varela, Merleau-Ponty, Descola, Mauss, Stiegler, De Waal, Wiener…
- Textes sources : *Why We Remember*, *Fanged Noumena*, *The Embodied Mind*, etc.
- Bibliographie croisée : philosophie, sciences, anthropologie
Le Protokin n’est pas une doctrine close, mais un dispositif expressif ouvert, toujours en mouvement.
Il cherche à penser le vivant à partir du geste premier, à renouer avec une ontologie processuelle et à ouvrir un espace de dialogue entre philosophie, science, art et expérience incarnée.
Un champ de tensions, d’émergences, de gestes toujours à recommencer.
L’humain n’exosomatise pas pour fuir son corps, mais pour prolonger sa puissance gestuelle dans l’inorganique. Ce n’est que lorsqu’il confond la prothèse avec l’origine qu’il “oublie” le corps — et cesse d’être vivant dans sa technique.